Le monde du travail, en particulier dans le secteur tertiaire, a connu ces dernières années des transformations profondes, portées par les récents bouleversements sociétaux, les avancées technologiques et l’évolution des attentes des nouvelles générations. Ces mutations interrogent nos manières de travailler, de manager et de donner du sens à nos activités professionnelles. Comment imaginer le travail de demain ? Quelles sont les tendances avec lesquelles composer ? Focus sur quatre d’entre elles.
DES MODES DE TRAVAIL EN PLEINE ÉVOLUTION
La crise du Covid a accéléré l’adoption du télétravail, bouleversant nos habitudes professionnelles. Cinq ans après, le modèle hybride s’est imposé… mais un retour au présentiel se profile dans de nombreuses entreprises. En Suisse, certaines organisations comme Raiffeisen durcissent les règles : retour au bureau à 60 %, contre 20 % auparavant. Swisscom, Schindler, Google vont dans une direction similaire… En cause, un même constat : la proximité physique aurait un impact réel sur la collaboration, l’innovation, la cohésion – et même la productivité.
Les défenseurs de la flexibilité, eux, soulignent les bénéfices sur l’équilibre de vie et la concentration. Mais la flexibilité a un coût : isolement, démotivation, défis du management à distance, perte de culture d’entreprise… Slack & co ne remplaceront jamais totalement les conversations impromptues à la machine à café. On aurait d’ailleurs tort de sous-estimer l’importance des interactions informelles en entreprise et dans le management… Mais ça, c’est un autre sujet !
NOUVELLES TECHNOLOGIES: ENTRE PROMESSES ET RÉALITÉS
L’essor des outils numériques, et de l’intelligence artificielle en particulier, ne cesse de nous promettre un travail toujours plus fluide, rapide et efficace. Qu’en est-il réellement et concrètement ? Force est de constater que ces technologies apportent autant de solutions que de nouvelles frictions : surcharge informationnelle, perte de concentration… Exemple concret : le quantum computing. Il porte avec lui de fabuleuses promesses, de résolution de problèmes et de gains de productivité… Mais sa mise en œuvre laisse également planer des menaces, notamment en matière de cybersécurité. Le revers de la médaille technologique. Où alors placer le curseur dans l’intégration de nouvelles technologies ?
Le cœur du travail reste, pour de nombreux métiers notamment ceux des RH, encore et toujours, profondément humain. Les compétences interpersonnelles, la créativité, la résilience face à l’imprévu restent clés, et encore inaccessibles aux « robots ». Le défi pour les organisations ? Choisir leurs outils avec discernement, questionner l’usage des technologies et leur déploiement, en construisant un environnement numérique qui reste au service des humains, et non l’inverse. Un sujet que nous avions abordé dans notre précédent blog.
MANAGER AUTREMENT : LE LEADERSHIP À L’ÈRE DE LA GEN Z
L’arrivée de la génération Z sur le marché du travail bouscule les pratiques. Nés entre 1997 et 2009, ces jeunes professionnels aspirent à un travail porteur de sens, d’autonomie et de flexibilité. Ils préfèrent le dialogue à la hiérarchie, l’authenticité au formalisme, la mission au titre. Certains aimeraient aussi gagner plus… en travaillant moins. Un rêve souvent alimenté par les réseaux sociaux, qui donnent l’illusion de la réussite facile et immédiate… Une illusion loin d’un projet de société durable et souhaitable. Comment toutefois adapter le management à cette nouvelle génération ? Le manager doit endosser les habits du coach, accompagner, découper les projets en missions concrètes, courtes et claires. L’entreprise doit aussi offrir un cadre souple, capable de motiver, de stimuler, et qui sollicite l’implication de la collaboratrice ou du collaborateur. Travailler sur sa marque employeur s’avère un enjeu de demain crucial pour l’organisation, qui doit apprendre à séduire ses talents, mais surtout à savoir les garder.
REDÉFINIR L’ENGAGEMENT PROFESSIONNEL
Selon une étude de Deloitte, 75 % des Gen Z et Millenials affirment que l’engagement sociétal et les valeurs prônées par une entreprise jouent un rôle important dans le choix de leur employeur. Avoir un travail porteur de sens serait une exigence pour plus de 86% des Gen Z. Reste à savoir ce que ce « sens » recouvre. Les mesures de RSE mises en place par une organisation peuvent en outre convaincre sur le papier mais manquer de résonance sur le terrain, en particulier lorsqu’il s’agit d’y engager du temps ou de l’énergie au niveau individuel. Attention aussi à ne pas surinvestir le travail comme condition à son épanouissement personnel. Comme le rappelait Julia de Funès, que nous avions invitée lors d’un de nos événements l’année dernière, il serait absurde de faire d’un moyen une fin. Le travail n’a pas à être le lieu de l’épanouissement ultime. Il sert en premier lieu à nous permettre de subvenir à nos besoins. « Le bonheur au travail » serait donc une quête vaine, car là n’est pas sa fonction.
ET DEMAIN ?
Imaginer le futur du travail, c’est interroger nos modèles d’organisation, nos pratiques de collaboration, nos usages numériques, mais aussi notre rapport au temps, à la performance et au sens que nous donnons au travail. Des pistes comme la slow productivité, théorisée par Cal Newport, invitent à revoir en profondeur notre manière de produire, d’interagir, de nous organiser. De quoi nourrir, peut-être, l’envie de suivre des trajectoires professionnelles moins linéaires, peut-être plus sobres … Ou plus durables ?