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Fin avril, nous avons organisé une soirée exceptionnelle au Royal Savoy Lausanne avec pour invitée d’honneur Julia de Funès, philosophe du travail et écrivaine renommée. Devant un auditoire composé d’amis et de clients, Julia de Funès a captivé l’assemblée avec une conférence brillante, aussi érudite que drôle, abordant les enjeux et les évolutions actuelles du monde du travail. La soirée s’est poursuivie avec une table-ronde animée par Stéphane Benoit-Godet, journaliste expert en communication, avec la participation de Cécilia Bähni, Directrice générale des RH de l’État de Vaud, et Christian Petit, CEO de Romande Energie. Des échanges des plus inspirants pour une soirée mémorable sur laquelle nous souhaiterions aujourd’hui revenir pour partager avec vous les enseignements philosophiques et managériaux que nous en avons retenus.

Philosophie et sens : Une confrontation d’idées

Julia de Funès a rappelé que la philosophie n’est pas une science ; tandis que la science recherche la vérité, la philosophie s’intéresse au sens. Ce sens ne peut être « dessiné » que par la confrontation d’idées. Selon elle, nous vivons une période marquée par de nombreuses crises, et l’histoire montre que les grandes innovations et périodes de progrès font souvent suite à des crises. Les situations de crise vont souvent de pair avec la peur, qui, bien que parfois salvatrice, a un effet négatif en faussant notre perception de la réalité et en nous figeant. Cette peur s’est généralisée, notamment à travers le principe de précaution, souvent mal interprété et appliqué de manière excessive. Initialement pensé pour des cas spécifiques (humanitaire, environnement, sanitaire) par le philosophe Hans Jonas, ce principe a dérivé en une idéologie précautionniste qui mène à une « ultraprocédurisation ».

La procédurisation : Un enjeu de management

Julia de Funès a en effet critiqué la surabondance de procédures dans les entreprises modernes, affirmant qu’elles peuvent être bloquantes et déshumanisantes lorsqu’elles sont excessives. Selon elle, la culture de la procédure affecte la progression professionnelle en favorisant des managers techniques, performants dans leur spécialité mais dépourvus de véritables qualités managériales.

Elle a également discuté de l’impact de cette culture sur le métier de manager, en soulignant que le management repose sur l’individu et non sur des postures rigides et standardisées. Pour Nietzsche, le charisme, par exemple, est inné à chacun de nous, mais c’est la volonté de puissance qui permet de l’actualiser, de le mobiliser et de l’incarner.

Le collectif et l’engagement

Julia de Funès a abordé la notion de collectif, souvent idéalisée dans le monde du travail, et a précisé que pour fonctionner efficacement, le collectif doit remplir trois conditions : un travail individuel fort, une direction commune et une conscientisation du risque par chaque individu. Elle a également insisté sur l’importance de l’engagement au travail, soulignant qu’il ne peut être linéaire et continu, mais qu’il est nécessairement contextuel, contingent et épisodique. L’engagement permet à l’individu de devenir une personne autonome et active, et non un simple rouage exemplaire.

Le sens du travail

Au cœur du discours de Julia de Funès, une question fondamentale : le travail est-il une fin ou un moyen ? Est-il une condition nécessaire à notre bonheur ? Selon Julia de Funès, faire d’un moyen une fin est l’absurdité par excellence. Le travail, pour avoir un sens, doit être justifié par autre chose que lui-même, comme la vie sociale, le salaire, l’intégration ou la reconnaissance. Elle cite Heidegger pour expliquer que depuis le XXe siècle, les entreprises créent pour survivre et assurer leur place dans le marché, ce qui a conduit à une technicisationla technique devient une fin en soi.

La confiance : une valeur essentielle

Julia de Funès a poursuivi sur la notion de confiance, qui repose sur la croyance et s’oppose à la connaissance. Elle a souligné que la confiance est vertueuse, essentielle pour rehausser et améliorer l’humain. La confiance, c’est également la condition essentielle à la délégation que nous avons abordée dans notre Newsletter du mois (à découvrir ici //lien//).

Pour conclure, Julia de Funès a eu une réflexion sur l’intelligence artificielle (IA), l’innovation incontournable dont on ne cesse aujourd’hui de parler : au-delà de l’enthousiasme et des peurs qu’elle peut susciter, l’humain reste encore et toujours le seul à pouvoir s’approprier la notion de sens et à faire preuve d’autoréflexivité : une aptitude cruciale pour maîtriser son environnement et les technologies… Dont l’IA fait partie.

Toute l’équipe de Move UP remercie chaleureusement tous les intervenants et participants pour ces moments d’échanges et de réflexions qui ont marqué cette soirée exceptionnelle !